La Grande salle est remplie d'élèves, en attente de leur examens. Certains, très en avance, sont arrivés il y a une heure déjà, d'autres franchissent à peine la porte et cherchent des places. Une fois tous les étudiants assis et installés, le grand jury fait son entrée dans un silence assourdissant. Ces professeurs que les élèves ont côtoyé tout au long de leurs trois ans d'études sont désormais celleux qui leur annonceront s'ils ont réussi ou pas. Si leur trois années n'ont pas été vaines.

Le professeur qui sert de chef au jury, Léander Kazrel, s'avance, et lève les deux bras en l'air dans un geste accueillant. Son regard empli de fierté englobe la salle entière et il annonce :

" Jeunes élèves, il est l'heure de votre examen de fin de cycle, marquant l'aboutissement de votre formation. C'est aujourd'hui que se scellera votre sort de dessinateur. Je vous souhaite à tous bonne chance. "

Il donne un premier nom, et l'élève vient passer ses épreuves devant tous ses camarades et le jury, qui l'observe d'un air bienveillant. D'autres élèves se suivent, puis c'est au tour de Béatrice Fildrar, huitième de l'alphabet.

1ère étape

Voici la première étape de ton examen de l'académie des dessinateurs. Tu vas devoir répondre en une quinzaine de lignes minimum. Tu peux raconter l'état d'esprit de ton personnage, ses doutes, ses espoirs, ses peurs, mais tu peux aussi évoquer les trois années qu'il a subi et qui ont participé à le mener là où il est aujourd'hui.
Seule chose obligatoire // Cette réponse est complètement libre, puisque c'est la première.  
N'oublie pas également de tagguer   @Le bâtisseur dans ta réponse pour qu'il vienne te proposer l'étape 2.
Bon courage, tu as une semaine.  

Il y en a beaucoup, de ses camarades, qui sont en train de se ronger les sangs à défaut de se ronger les ongles. Beaucoup qui s'inquiètent du résultat des épreuves qui les attendent, beaucoup qui n'ont soudainement aucune confiance en leurs propres capacités ni en ce qu'ils ont appris au cours de ces trois dernières années. L'incompréhension est totale chez elle, qui se contente d'observer les visages tendus autour d'elle avec une curiosité évidente sur sa propre expression.

Beatrice ne ressent absolument aucun stress.

Son calme passe sans doute pour une arrogance dégoûtante, le léger sourire amusé qui ourle ses lèvres est sans doute pris pour de la moquerie, mais grand bien leur fasse. Peu lui importe — ce n'est pas l'opinion de ses camarades qui l'intéresse ou qui importe, uniquement celle du jury qui vient d'entrer dans la salle d'examen et amène avec lui un silence assourdissant, qui s'abat sur la pièce comme une chape de plomb.

C'est Leander qui orchestre la danse d'aujourd'hui. Un homme qui a longtemps attisé sa curiosité et son attention, qu'elle observe avec attention alors qu'il lève les bras pour les accueillir en cette journée particulière pour chacun d'entre eux. Elle l'observe sans ciller ni détourner le regard quand leurs yeux se croisent, se contente de lui adresser son sourire le plus enjôleur, sans la moindre honte.

Puis les noms commencent à s'égrener. Comme toujours, ils passent par ordre alphabétique. Son tour n'est pas pour tout de suite, alors Triss s'installe un peu plus confortablement dans son siège, cale sa cheville sur son genou, croise les bras sur sa poitrine, puis elle ferme les yeux dans un exemple parfait de sérénité inébranlable.

Ce que les autres font ne l'intéresse pas. Elle peut entendre les murmures impressionnés de ses camarades, quelques halètements de surprise ou de peur face à ce que le jury leur réserve, mais rien de tout ça n'a d'importance. Peu lui importe de savoir que Syrielle a réussi son épreuve de Volonté, ou de savoir que Lazar a lamentablement échoué dans sa Créativité. Les autres sont insignifiants, seuls ses propres résultats comptent. Le chemin a été long, et cette épreuve est la première consécration dans son propre cheminement.

Un premier jalon dans son parcours. Le plus important, mais le premier uniquement.

Sept personnes sont passées. Les yeux verts de Beatrice se rouvrent. Son sourire a disparu pour laisser place à une expression déterminée, et dès que son nom retentit dans la salle, elle se relève, la tête haute, nimbée de l'or de ses cheveux.

« Je suis prête. »

Enonciation simple, offerte sur un ton parfaitement neutre, parfaitement calme. Elle est prête.

Une évidence.

Quand Léander appelle Béatrice, la jeune femme s'avance, l'air assurée. Le professeur l'observe un court moment avant d'anoncer l'épreuve.

- Jeune Dessinatrice, tu devra créer un Dessin qui impressionnera le jury. Tu es libre du Dessin, mais il devra respecter ce thème : la royauté. Tu as trente minutes. Bonne chance.

Leander Kazrel se recule pour se mettre à la hauteur de ses collègues, et tous observent la jeune femme face à eux.

2èrme étape

Voici la seconde étape de ton examen de l'académie des dessinateurs. Tu vas devoir répondre en une quinzaine de lignes minimum.
Seule chose obligatoire // Cette réponse est libre, puisqu'il s'agit du thème de l'épreuve. En revanche, celle-ci doit s'achever par la réussite du dessin de ton personnage, qui doit avoir pour but d'impressionner le jury, ou en tout cas de lui permettre de continuer. Le Dessin devra suivre la vision de ton personnage de la royauté. Tu peux imaginer ce que tu veux tant que tu lui donne un sens.
N'oublie pas également de tagguer   @Le bâtisseur dans ta réponse pour qu'il vienne te proposer l'étape 3.
Bon courage, tu as une semaine.  

Créativité.

Ce genre d'épreuve n'a jamais vraiment été son fort. Elle a toujours en tête le souvenir de son résultat d'analyse, de ce cercle bleu comme le ciel qui faisait vaguement peine à voir comparé à ceux, immenses, de sa volonté et de son pouvoir. Un esprit volontiers cartésien se cache dans sa petite tête blonde, mais même l'Imagination a besoin de ce genre d'esprits pour la nourrir, alors elle ne s'est jamais sentie lésée. La créativité n'est pas son point fort.

Et alors ? Ca ne l'a pas empêchée d'être acceptée à l'Académie, et ça ne l'empêchera pas de devenir quelqu'un dont le nom sera reconnu. Peu importe le résultat de ces examens.

Créativité. La royauté. Le thème est vaste, vague aussi, lui arrache un froncement de sourcils pensif. Trente minutes. Elle a le temps d'y réfléchir.

Une représentation de l'empereur serait le Dessin le plus évident à faire. Une représentation quelconque de la dynastie des Zane serait le deuxième, mais c'est trop évident, trop simple, Certainement pas ce que ses professeurs attendent d'elle, s'ils attendent bien quelque chose d'elle sur une épreuve de créativité. Oh, elle pourrait aller au plus simple, se contenter du minimum pour mieux briller ailleurs, mais Beatrice n'a jamais été comme ça. La facilité n'a jamais été son atout principal. Ce n'est pas en jouant la facilité qu'elle atteindra ses objectifs.

Et au fond, elle n'a pas envie de décevoir Leander non plus, mais elle ne l'admettra jamais à voix haute. Cette information-là restera bien sagement dans un coin de son esprit, à ne jamais voir la lumière du jour.

Quinze minutes passent en silence. Elle a refermé les yeux, plongée dans une longue réflexion, un index appuyé contre ses lèvres. Immobile, à la façon d'une des nombreuses statues de marbres qui décorent les couloirs de l'Académie. Inébranlable. La seule trace de mouvement qu'elle offre, c'est quand ses paupières se rouvrent finalement, mais son esprit est déjà ailleurs. Perdu dans les Spires qui s'offrent à elle, occupé à parcourir les possibilités que le Dessin lui offre.

Une fois, pendant leur formation, une de leurs professeurs les a emmenés visiter le palais impérial. La reproduction de la salle du trône qu'elle offre aujourd'hui est incomplète, et certainement pas parfaite, mais elle suffira pour ce qu'elle veut faire.

Le dais naît en premier, un bloc de d'améthyste pure, sans aucun défaut, sur lequel repose une chaise imposante d'opulence et manquant cruellement de confort. Une épée rutilante naît ensuite de son esprit — acier parfait, garde d'or poli, pommeau incrusté d'un rubis rond taillé pour diffuser la lumière qui l'atteint. Une arme princière, à laquelle s'accroche la couronne impériale, perchée autour de cette garde trop riche, trop ornementée.

Le siège, le bras armé, la couronne. Brillants, parfaitement polis, parfaitement propres.

La première goutte de sang tombe du plafond. Puis une deuxième, et une troisième, égouttement qui se transforme peu à peu en filet dont le débit augmente au fil des secondes. Une odeur abominable de fer s'impose dans la pièce, l'odeur du carnage des champs de bataille.

Aucune royauté n'a été forgée dans la paix. Le sang macule les mains de tous les rois, de tous les empereurs, de tous les dirigeants — que ce soit celui des supposés ennemis de la patrie ou celui du peuple qui se brise pour offrir l'opulence à une noblesse déconnectée et hautaine. Sa propre expérience entre les murs de l'Académie, bien qu'elle ne se soit pas terminée en bain de sang, est la preuve suffisante que les particules n'ont aucune idée de ce qui peut se passer dans les basses strates de cette population qui leur offre leur mode de vie.

Son esprit quitte les Spires, revient à la réalité, juste à temps pour constater le silence assourdissant qui accueille son Dessin. Mais Triss est satisfaite, comme le prouve le sourire qui étire ses lèvres.

Le Dessin de Béatrice apparaît petit à petit. D'abord un bloc d'améthyste, puis une chaise, une épée et enfin une couronne. Les Maîtres sont impressionnés par la beauté de l'œuvre, mais rapidement, les murmures d'admiration se muent en peur, puis en consternation. Du sang. Du sang qui coule sur l'épée, la couronne et l'améthyste. La vision de la jeune femme est sans équivoque : pour elle, la royauté semble être associée à du sang, au pourpre qui macule les mains de celleux qui sont parvenus jusqu'au trône.

Le Dessin de Béatrice fait du bruit, mais il n'en reste pas moins impressionnant, aussi le jury valide-t-il l'épreuve. Encore une fois, c'est Léander Kazrel qui s'avance et qui prend la parole.

- Ta vision de la royauté est ... Surprenante, mais nous considérons que tu as réussi la première épreuve. A présent, tu devra te mesurer à Maître Varil Nil'Egr, pour l'épreuve suivante. Je ferais apparaître un globe de verre entre vous deux. Tu devra le colorer en violet tandis que Maître Nil'Egr la colorera en jaune. Cellui qui prendra le dessus pendant dix minutes aura gagné. Nul besoin de te dire que tu dois gagner pour réussir l'épreuve de volonté. Bonne chance.

Maître Nil'Egr se place face à Béatrice et un globe transparent apparaît entre eux deux. L'épreuve a commencé.

3ème étape

Voici la troisième étape de ton examen de l'académie des dessinateurs. Tu vas devoir répondre en une quinzaine de lignes minimum.
Seule chose obligatoire // Cette réponse doit s'achever par la réussite de l'épreuve de volonté. Attention, lea professeur.e ne la laissera pas faire facilement ...  
N'oublie pas également de tagguer   @Le bâtisseur dans ta réponse pour qu'il vienne te proposer l'étape 4.
Bon courage, tu as une semaine.  

Victoire.

La première d'une série, en tout cas.

Beatrice se contente d'un vague haussement d'épaules au commentaire que lui fait Leander. Lui plus que quiconque devrait comprendre — aucune particule ne vient orner son nom à lui aussi, aucune marque de noblesse, rien d'autre qu'un prénom et un nom et un besoin terrible de faire ses preuves. Un besoin chez elle presque aussi terrible que celui d'être reconnue, peu importe comment.

Ces épreuves ne sont qu'un début. Et cette première réussite n'est qu'un jalon dans son parcours futur.

Elle ne montre aucun signe de victoire, Triss, aucun éclat de joie à l'annonce de cette réussite. Se contente d'adresser un signe de tête vaguement respectueux dans la direction de Varil Nil' Egr. Un professeur émérite, quoique vaguement irascible et manquant terriblement de patience, à l'humour acide qui lui a toujours arraché des sourires sincères si ce n'est des rires francs. Aujourd'hui toutefois, il n'est plus son professeur mais un obstacle sur sa route.

Volonté. Sa spécialité. Maître Nil' Egr n'a aucune chance face à elle, même s'il ne s'en rend pas encore tout à fait compte.

Le globe apparaît entre eux. Triss décide de lui laisser la main, gracieuse, le coin de ses lèvres qui s'ourle finalement alors que le verre prend une jolie teinte jaune poussin. Et elle décide de s'amuser un peu.

Pendant cinq longues minutes, elle se contente de piquer le Dessin du professeur de petits coups mentaux. Elle en teste la résistance, les limites, s'amuse à faire passer l'orbe sur une couleur de lilas particulièrement agréable pendant quelques secondes avant de lui laisser de nouveau la main dessus. La Volonté de Varil Nil' Egr est grande, mais la sienne l'est plus encore. Elle le sait pertinemment.

Cinq minutes, pas une de plus.

A cinq minutes et une seconde, elle s'empare du Dessin du Maître, le rejette d'une impulsion mentale pour le faire mourir quelque part dans les Spires. Impose le sien à la place, cette teinte lilas tendre qui semble presque narguer Nil' Egr de sa douceur. Sa propre Volonté se fait ensuite mur inébranlable autour de son Dessin, obstacle solide aux attaques du professeur. Elle ne bougera pas, Beatrice, ils le savent tous les deux.

Le spectacle extérieur doit être bien ennuyant, bien différent de celui qui s'offre dans l'Imagination. Varil Nil' Egr est une épine, longue et douloureuse, qui commence à volontiers l'agacer. Une épine dont elle décide finalement de se débarrasser de la façon la plus absolue qui soit.

Les sages de l'Académie ont toujours cru que seuls les Ts'liches avaient le pouvoir de verrouiller les Spires. Jusqu'à ce qu'elle arrive, en tout cas, avec son pouvoir trop grand et sa volonté plus grande encore, et qu'elle mette les pieds dans le plat dès sa première année d'études. Verrouiller les Spires, l'une des plus grandes peurs de tous les Dessinateurs qui se retrouveraient ainsi amputés d'un membre, aussi éthéré soit-il. Pourtant c'est exactement ce qu'elle fait en cet instant précis.

Volonté se fait mur immense, inébranlable, qui repousse Varil jusqu'à le cantonner à une minuscule partie des Spires. Un mur solide qu'elle imagine fait de vargelite. Imprenable.

De l'autre côté du mur, elle peut sentir l'esprit de Nil' Egr s'y écraser, tenter d'y trouver une faille quelconque qui lui permettrait de s'y engouffrer et de reprendre le dessus. Beatrice sait pertinemment qu'il n'en trouvera aucune et qu'il restera dans sa petite cour de Spires, celle qu'elle a eu la bonté de lui laisser pour ne pas le couper entièrement de l'Imagination. Elle n'est pas cruelle à ce point.

Et elle attend, bras croisés, le regard lointain. L'orbe de verre reste résolument violette entre eux, jusqu'à ce qu'une cloche immatérielle retentisse, annonçant la fin des dix minutes réglementaires.

Victoire.

La deuxième.

Le succès de l'élève est indéniable, et pourtant, quelque chose ne va pas. Maître Nil'Egr semble être contrarié, voire même furieux. Mais il repart sans faire de scandale, sans rien dire.

Léander Kazrel s'avance à nouveau et prend la parole :

- Bien. Tu as réussi deux de tes trois épreuves. Voici la dernière.

Les trois membres du jury reculent, et un ring apparaît, avec Béatrice en son centre.

- Tu devra vaincre ton ennemi en utilisant uniquement l'art du Dessin, La matérialisation d'armes est interdite. Tout le reste est autorisé. Bon courage.

Un loup du Nord apparaît, en face de l'élève, et se met à grogner. Il a l'air affamé, rien ne saurait l'empêcher de manger cette enfant à l'air si appétissant.

4ème étape

Voici la quatrième étape de ton examen de l'académie des dessinateurs. Tu vas devoir répondre en une quinzaine de lignes minimum.
Seule chose obligatoire // Cette réponse doit s'achever par la réussite du combat. Pour rappel, si l'élève est en difficulté, les professeur.e.s interviendront : aucun élève ne doit subir de dommages lors de cet examen.   Tu ne pourra pas faire apparaître d'armes et te battre avec autre chose que le Dessin.
N'oublie pas également de tagguer   @Le bâtisseur dans ta réponse pour qu'il vienne te proposer la dernière étape.
Bon courage, tu as une semaine.  

L'expression de Nil' Egr lui arrache presque un sourire triomphant, qui fait tressaillir le coin de ses lèvres légèrement, mais elle se contente d'un regard de fierté pure qui pourrait presque passer pour de la condescendance. L'épreuve de Volonté n'est qu'une formalité pour elle.  Tout au long de ses trois ans d'école, c'est bien ça que ses professeurs ont pu louer chez elle — grande, très grande, trop grande dans un corps aussi jeune que le sien. Compliment qui a toujours mal recouvert les insultes et la méfiance qui s'est toujours tournée vers elle, de la part de ses camarades comme de celle de ses professeurs.

Peu importe. Elle se trouve debout face au jury parce que cette même volonté trop grande lui a permis de persévérer en dépit de tout, quand d'autres plus faibles d'esprit auraient sans doute abandonné bien avant la fin des trois années d'études de l'académie.

Et surtout, les épreuves ne sont pas terminées. La dernière est toujours la même — un ring, et une créature conjurée pour tester le Pouvoir entre les mains des élèves. La seule surprise reste l'identité de la dite créature. Un mystère à chaque fois.

La sienne est un loup du Nord. Le canidé est rachitique, elle peut presque compter les vertèbres au travers de sa fourrure grise, et il ferait peine à voir si ses babines ne s'étaient pas déjà retroussées sur un grognement brutal.

C'est un animal affamé qu'elle a en face d'elle, qui fera tout pour refermer ses crocs sur sa chair. Elle va devoir réagir vite, Triss. Vite et bien.

C'est le loup qui agit le premier. Toute à sa réflexion, elle a tout juste le temps de se jeter sur le côté pour esquiver les dents qui se dirigent droit vers sa gorge. Ses pieds glissent sur le sol de la salle, manquent de la faire tomber au sol, mais elle retrouve son équilibre au dernier moment et se retourne en catastrophe pour faire face à la bête.

Réfléchir, réfléchir. Son premier réflexe aurait été d'invoquer un marteau gigantesque pour l'aplatir au sol et s'en débarrasser, mais Leander a bien précisé que matérialiser une arme quelconque est interdit. Une voie directe pour la disqualification, et il en est hors de question. Pas maintenant qu'elle est aussi près du but. Elle peut presque le toucher du bout des doigts.

Réfléchis.

Elle inspire un bon coup pour calmer son cœur qui bat décidément trop vite. La première chose à faire est de ralentir la bête. Alors elle matérialise une corde qu'elle veut la plus solide possible, la fait fouetter le sol pour faucher les pattes du loup. L'animal s'empêtre dedans, trébuche et glisse sur le sol qu'elle transforme en une épaisse plaque de glace. Une glace qu'elle fait remonter le long des pattes pour l'immobiliser complètement, et finalement...

Finalement, ce sera comme ça qu'il mourra. Le givre se répand sur son poil, un givre auquel il est habitué — loup du Nord, il fait tellement froid entre Astariul et les frontières de glace, mais cette glace dont elle le couvre est plus froide encore. La température a baissé brutalement dans la salle, assez pour qu'ils puissent tous voir leurs souffles se former devant leurs visages, mais Beatrice est concentrée sur le loup et uniquement le loup.

Dont les mouvements deviennent de plus en plus lents au fur et à mesure que la glace se solidifie autour de lui. Un bloc de froid terrible, qui finit par le recouvrir intégralement jusqu'à le transformer en statue parfaite, figée dans le bond qu'il s'apprêtait à faire dans sa direction. Immobile.

Le bruit de gong qu'elle fait résonner dans la salle est lourd et profond, suffisant pour faire exploser la statue que le loup est devenu en des centaines de petits morceaux.

Son poing crispé se desserre lentement, et Triss lâche un soupir qu'elle retenait. En dépit du froid glacial dans la pièce, il y a une fine couche de sueur qui s'est glissée le long de sa gorge.

Mais c'est une troisième et dernière victoire. Un score parfait.