« Donne-lui les armes pour se défendre dans ce monde. »
Telles furent les paroles de sa mère Vivien, quand elle confia Estrid à son frère Thibalt. Le frontalier ne s’attendait pas à devoir s’occuper d’un nourrisson mais il accepta devant l’insistance de sa sœur. Marchombre, elle avait décidé de protéger son enfant en l’éloignant de son univers sans parvenir à y renoncer pour sa fille. Avant de repartir, elle confia à Thibalt l’identité du père d’Estrid, une sentinelle nommée Galien Zil’ Kaya. L’enfant grandit dans la famille de son oncle qui la considéra comme sa fille. En compagnie de son cousin Wilhem, Estrid reçut un enseignement complet et suivit l’entrainement des jeunes recrues de la citadelle frontalière.

De nombreuses fois elle fut jetée à terre, poussée dans ses retranchements mais elle n’abandonna pas. A chaque fois, elle se relevait, faisant preuve d’une fierté certaine et ne souhaitant pas décevoir son oncle. Un entrainement difficile doublé d’une découverte de soi, sculpteur d’une silhouette svelte et agile et d’un esprit combatif. Une saine compétitivité s’installa avec Wilhem, une entraide qui leur permit d’affiner leurs compétences jusqu’au jour où les Dix Tournois leur furent proposés. Succès indéniable pour le cousin, échec cuisant pour Estrid. Celle-ci redoubla d’ardeur pour combler ses lacunes mais son oncle refusa qu’elle se présente l’année suivante.

« Trois forces suffisamment présentes et équilibrées. »
Des mots qui la laissèrent pantoises. Elle qui croyait que sa voie était toute tracée parmi les Frontaliers voyait son monde se fissurer. Pourquoi ? Pourquoi maintenant alors qu’elle venait d’acquérir son affiliation à la guilde des guerriers ? A moins que cela ne soit la volonté du destin... Estrid rechigna devant ce résultat et refusa pendant des mois cet héritage néanmoins son oncle finit par la convaincre d’aller étudier à l’Académie. Ainsi elle pourra faire son choix en toute connaissance de cause.  

Ayant passé la majeure partie de son existence à la Citadelle, Estrid ne s’était jamais posée la question sur une quelconque affinité avec la magie. Même si elle était en colère contre la révélation du don, elle finit par devenir curieuse de ce qu’il pouvait lui apporter et se rendre à l’Académie lui permettrait peut-être d’en apprendre un peu plus sur le parcours de son père. Trois années de formation, trois années où elle fit la connaissance avec l’Imaginaire et les possibilités offertes. Elle apprit également que son père avait suivi la voie des Rêveurs après sa formation de dessinateur, découvrant par la même occasion la famille de Galien et leur domaine d’activité.

Tintiane ? Devait-elle s’y rendre ? Devait-elle explorer cette voie ou bien retourner à la Citadelle ? Etait-ce un moyen pour elle de faire connaissance avec ses parents qu’elle ne connaitra jamais étant donné qu’ils n’étaient plus de ce monde ?  

« Toutes les blessures ne peuvent être soignées »  
Le corps, un vaste domaine auquel Estrid s’attaqua. Lors de sa formation à la Citadelle, les points névralgiques de l’anatomie humaine lui furent enseignés, faiblesses auxquelles s’attaquer pour défaire un adversaire. Pendant l’année qu’elle passa à Tintiane, elle découvrit une autre vision de l’anatomie, celle qui permet de guérir les blessures. Une issue à l’opposée de l’enseignement qu’elle avait suivi auprès des Frontaliers.
Une main pour tuer, une main pour guérir. Pourtant cela ne comblera pas ce qu’elle ressentait envers ses parents, les questions soulevées par leur absence… Certains éléments furent portés à sa connaissance, éclairant les zones obscures de son passé. Son père fut une victime dans le jeu de l’échiquier politique car les soins qu’il prodiguait à certains nobles contrecarraient les ambitions d’autres protagonistes. Quant à sa mère, Estrid se demandait pourquoi elle avait préféré sa liberté à sa famille, mais elle ne pourrait lui poser la question car la Marchombre avait disparu et elle ne se voyait pas embrasser la voie de cette guilde pour essayer de la comprendre. Hésitation… Peut-être obtiendra-t-elle des réponses en rencontrant des Marchombres ?  
Finalement, Estrid reprit la direction de la Citadelle, offrant ses services de rêveuse à ceux qui la sollicitait qu’ils soient Frontaliers ou non, notamment en se joignant à des expéditions. Une manière pour elle de mettre à profit ses compétences pour protéger les habitants de Gwendalavir et continuer d'enrichir ses connaissances de rêveuses.