Maud était de passage à Al-Far, après sa mission au sein d'une caravane. L'aller avait été mouvementé, le retour plus calme, mais la Marchombre rêvait tout de même de dormir dans un vrai lit. Dormir sur le dos d'un cheval, ça va pour quelques mois, après, c'est moins agréable. Elle avait donc décidé de passer quelques jours dans la ville, profitant de l'argent gagné pour refaire des réserves de dagues en fer. Sa Greffe était bien pratique en combat, quand ses ennemis pensaient que lui lancer des armes dessus allait lui faire mal.

Un soir, Maud se baladait dans les rues, repérant les immeubles afin de s'entraîner le lendemain, quand elle entendit des bruits de combat dans une ruelle. Curieuse, et en manque d'animation, elle passa une tête dans ladite ruelle, et se tendit quand elle vit les combattants. Deux hommes, une femme, visiblement Mercenaires, contre une brune agile et gracieuse, sans doute Marchombre. En un regard, elle analysa la situation. Les Mercenaires avaient le dessus, bien que la Marchombre se batte comme une lionne.

Maud n'eut pas à réfléchir bien longtemps. Elle bondit dans le combat, deux de ses dagues sorties de leurs fourreaux et logées dans ses mains. Une estafilade sur la joue de la Mercenaire, qui lui balança sa propre dague au visage. Un rictus se forma sur les lèvres de Maud, qui lança sa dague à son tour et tendit la main pour intercepter celle de la Mercenaire. Qui écarquilla les yeux, une dague fichée en plein milieu du front, sans comprendre pourquoi la sienne n'avait pas atteint sa cible.

Maud se débarrassa de l'arme de la Mercenaire et récupéra la sienne pour la planter directement dans le dos du deuxième homme. L'autre Marchombre se chargea du dernier, et le combat fut terminé. La brune fit un grand sourire à son acolyte du moment, et lança d'une voix enjouée, tout en nettoyant ses dagues :

- Eh bé, ils étaient coriaces ceux-là ! Comment t'a fait pour te retrouver dans une situation pareille ?

Elle rangea ses dagues, et se souvint soudainement de la politesse, notion qu'elle avait tendance à oublier :

- Oups, désolée, je suis Maud, et toi ?

( // désolée, je me suis un peu égarée sur la longueur... )

La soirée s'avérait délicieuse. D'innombrables étoiles éclairaient les ruelles d'une lumière douce et étincelante, promesse d'une journée automnale ensoleillée le lendemain, Médée sortait d'une échoppe dans laquelle elle avait pu se dégourdir les jambes et l'âme, trinquant à la santé des artistes qu'elle avait abandonné pour quelques jours, nourrie d'un désir de se ressourcer dans le creux de sa solitude chérie trop longtemps délaissée. Elle aimait travailler avec cette caravane itinérante, ressentait pour chacun de ses membres une affection qui lui tiraillait le cœur, mais cela faisait souvent surgir un trop plein d'émotions qu'elle ne maîtrisait pas encore. Bref, elle avait bien besoin de se retrouver un peu. Cette solitude qui l'auréole.
Médée se baladait, donc, profitant de ce petit vent d'automne qui s'engouffrait dans chacune des interstices de sa tenue sombre, marquant de son empreinte les ruelles d'Al-Far si souvent empruntées. Elle n'ignorait pas les dangers qui pullulaient comme des champignons vénéneux dans cette ville, mais elle l'aimait plus que tout, se galvanisait de retrouver ses souvenirs d'autrefois. Elle n'était pas une petite âme perdue et fragile, et la perspective d'un combat ne l'effrayait pas. Pour autant, elle ne s'attendait pas à de pareils ennemis, ni à la rapidité de cette scène.
" Foutue marchombre " entendit-elle comme s'il eut s'agit d'un cri venu des toits. Elle ne faisait pas illusion, la jeune femme, tout en elle criait son amour pour l'harmonie, tant sa tenue que la souplesse de ses gestes, tant ses mains sveltes et calleuses d'un entraînement chevronné que la dague qui se laissait deviner dans le creux de sa hanche. Elle n'attendit pas pour s'en emparer, et n'eut pas le temps de relever la tête que déjà trois mercenaires avaient surgi du toit.
Elle se décala d'un demi pas, évitant ainsi la flèche que l'un d'eux avait arqué pendant son saut. Elle n'eut pas tant de chance avec le coup de dague d'un homme au crâne rasé et aux dents pourries sur le devant, qui entailla légèrement son épaule. Trois. Ils étaient trois. Elle aurait pu se défaire de deux d'entre eux, elle en avait la certitude au fond du cœur, tout autant qu'elle savait ne pas pouvoir se tirer indemne d'un combat si déséquilibré. Trois. Médée s'ancra dans le sol, pris une seconde à sa survie pour analyser la scène. Deux hommes, une femme. Chacun d'eux arme en main, l'arc rangé désormais. Il fallait qu'elle se débarrasse d'un des hommes avant toute chose, qu'elle rende à ce combat une once de justice. Elle évita la dague envoyée par l'un des hommes, se déroba à l'attaque frontale de la mercenaire. Il n'était plus le temps de la réflexion, il fallait agir.

Aussitôt dit, aussitôt... Rien ne va plus. Voilà qu'une quatrième protagoniste entrait en scène. De longs cheveux bruns, lisses, des yeux clairs et deux dagues vissées dans les mains comme un prolongement de ses paumes. Amie ou ennemie, il n'était plus temps de réfléchir -- de toute façon, si elle était une alliée, Médée le saurait bien vite, puisque c'était sa seule chance de s'en tirer en vie. Elle continua son combat, tâchant de faire abstraction de cette illusion. Une entaille sur la joue de la mercenaire, juste avant que celle-ci ne se prenne sa propre dague en plein visage. Elle ne fut pas très maline, Médée, mais la surprise la poussa à lancer un regard curieux à la nouvelle arrivante, une demi-seconde, tout au plus, puisque l'homme du début se jetait déjà sur elle, désireux de se saisir de cet instant d'inattention pour la pulvériser. Un seul à seul. Le retour de la justice. Un coup de pied dans la carotide suffit à le mettre à genoux. Il n'était alors plus qu'un jeu d'enfant pour Médée de lui trancher la gorge.
Lorsqu'elle se retourna, l'autre femme en avait déjà fini avec l'autre homme. Les trois corps sans vie décoraient bien mal le sol, mais la jeune marchombre ne s'en préoccupa pas davantage, elle avait bien plus intéressant à découvrir. Elle ficha ses yeux dans ceux de la surprise nocturne, la détailla encore un peu, et comprit assez vite qu'elle avait à faire à une partenaire de guilde. Tout en elle hurlait l'harmonie, et ses gestes inspiraient une confiance aveugle à Médée. Tout comme les mots qui s'extirpaient de sa bouche, et le tutoiement amical qui flancha dans l'air. Médée lança-t-elle sobrement à la jeune femme, lui tendant une main amicale en guise de salutations. Tu sais, les mercenaires n'ont pas tellement besoin d'une raison pour vouloir te foutre une bonne raclée. J'étais juste là, au mauvais moment. Un sourcil arqué, preuve d'un dégoût sans nom pour ces sales engeances du chaos. Elle nettoya sa dague sur la tenue rougeâtre de la mercenaire, comme pour salir son cadavre, avant de la ranger contre sa hanche. Toi, par contre, t'es clairement arrivée au bon moment ! Je vais devoir t'appeler ma sauveuse, maintenant.  Elle offrit un véritable sourire à sa nouvelle comparse, prête à sacrifier sa si chérie solitude pour remercier dignement celle à qui elle devait tout. Je t'offre un verre ? J'ose espérer que ma vie vaut plus que ça, mais c'est un début.

Le combat était fini et Maud  s'était présentée. La jeune femme en face d'elle lâcha son nom, Médée. Joli. Il suffisait à Maud d'observer sa compagne du moment pour comprendre qu'elle avait affaire à une Marchombre. Vêtements sobres, sombres, corps élancé mais musclé, gestuelle harmonieuse ... Et cette manière de combattre si particulière, si ... Marchombre.


A la phrase de Médée qui expliquait sa présence, Maud hocha la tête avec une moue entendue.

- Oui, tu as raison. Heureusement, ceux-ci ne pourront plus faire de mal à personne.

Puis un immense sourire éclaira son visage et elle éclata de rire.

- J'aime bien ce titre ! Je vais vite m'y habituer, je le sens ! Et je suis carrément partante pour un verre, je meurs de soif !

Maud prit Médée par le bras pour l'entraîner hors de la ruelle, désormais habitée par trois cadavres et une marre de sang. Tout en marchant, elle lança d'un ton enjoué :

- Je connais une super taverne où il est interdit de se battre, et surtout où les boissons sont délicieuses. Et pas trop chères.

Maud observa son acolyte du moment avant de lancer, trop curieuse :

- D'ailleurs, j'aime beaucoup ta façon de te battre ... Tu es Marchombre, n'est-ce pas ? Qui était ton Maître ? Et d'ailleurs, tu l'es, toi ? Maître ? Ca ne fais aucune différence pour moi, j'estime les bons Marchombres quoi qu'il arrive, qu'ils soient Maîtres ou non, mais ... Je suis curieuse. C'est d'ailleurs ma curiosité qui m'a amenée jusqu'à toi, alors je me dit que je devrais l'honorer. Tu me dis si je parle trop, d'ailleurs, j'ai tendance à trop parler. Sauf quand je n'aime pas les gens ou que je suis seule, évidemment.

Maud haussa une épaule avec un sourire amusé. Barlow n'arrêtait pas de lui demander de se taire, au cours de leurs voyages. Mais elle n'y peut rien, Maud, elle est comme ça, bavarde quand elle est à l'aise.

Elle espérait juste que Médée n'était pas du genre à détester les gens trop bavards, parce qu'elle risquait de ne pas l'apprécier.

Elle a le souffle un peu court, la jeune marchombre, qui fait suite à son combat et surtout, au risque indéniable d'y laisser sa peau. pourtant, la présence très souriante et bavarde de la femme qui lui fait face lui permet de très vite passer à autre chose, et les deux comparses s'éloignent de la scène de crime sans plus porter la moindre attention aux cadavres rougeâtres qui jonchent le sol. C'en serait comique, si elles n'avaient pas toutes deux manqué y laisser leur vie, elles aussi. Satanés mercenaires du chaos !
Médée oublie tout ça, désormais, et ses pas sibyllins font suite à ceux de Maud, nouvellement présentée.  Il est grand temps d'aller boire une choppe ou deux, et de laisser derrière elles le risque qui a permis leur rencontre. Finalement, une mauvaise chose peut bien souvent en engager de bonnes. Comme le hasard peut se jouer de vous. Un lancer de dés, et tout change.

Heureusement, ceux-ci ne pourront plus faire de mal à personne. Médée ne répond qu'en un sourire entendu, parce que les aspirations de ses criminels sont définitivement aux antipodes des siens, et débarrasser de la surface de la terre de sales engeances pareilles ne peut que la faire rire. Ce qu'elle fait, d'ailleurs, en réponse à l'éclat de sa compagnonne fortuite. J'aime bien ce titre ! Je vais vite m'y habituer, je le sens ! Pas trop vite, je t'en prie, je n'aime pas beaucoup l'idée de devoir ma vie à autrui. Promis, je trouverai vite une occasion de te la rendre ! Un combat dans les ruelles sombres d'Al-Far est si vite arrivé !
Je connais une super taverne où il est interdit de se battre, et surtout où les boissons sont délicieuses. Cette femme est décidément une joyeuse compagne, souriante, amusante, et qui respire la joie de vivre par tous les pores de sa peau, jusqu'aux bouts de ses ongles. Elle semble bavarde, la demoiselle, tant sa voix ne tarit pas, alors même que Médée ne répond guère. Adieu, solitude. Elle ne le regrette pas encore, la marchombre, mais peut-être que cela viendra plus tard. En attendant, elle suit Maud, se laisse porter, et prend un plaisir indicible à partager cette marche sous l'éclat lumineux des étoiles.
Tu es Marchombre, n'est-ce pas ? Qui était ton Maître ? Et d'ailleurs, tu l'es, toi ? Maître ? Ces impressions initiales ne l'ont donc pas trompée. Comparse de marche, mais surtout, partenaire d'harmonie, voilà donc une certitude qui ravit Médée en un éclair, et c'est un réel sourire entendu qu'elle lui partage. En effet, je suis marchombre. J'avais également deviné que tu l'étais, quelque chose dans ta façon de combattre. Cette évidence dans chaque geste, chaque souffle, chaque seconde. Un combat comme une danse, épurée, poétique, malgré le sang qui éclabousse et les cris des mercenaires.

Elle repense à son maître un instant, et c'est les prunelles pleines d'étoiles que Médée lui répond : Mon maître était Nel, sans doute le connais-tu, il est assez respecté au conseil. Je suis certaine qu'il y siégera, très vite ! On sent dans sa voix et dans toute sa posture, à Médée, qu'elle ressent une admiration vive pour cet homme. Et qui est la tienne, donc, je la connais sûrement ! Je peux être maître, mais n'aie encore jamais eu cette chance. Nul.le apprenti.e n'a encore croisé ma route, à mon grand désarroi ! Qu'en est-il de toi ? As-tu déjà eu cette chance ? Car oui, former un autre être aux douceurs de l'harmonie est un privilège, cela ne fait aucun doute à Médée qui voyage sans cesse dans l'espoir secret de trouver l'âme qu'elle guidera sur la voie.
Ne t'inquiète pas, même si je te trouvais insupportable tant tu es bavarde, je ne serais pas en position de t'en faire le reproche. glisse-t-elle avec un clin d'oeil entendu. Pas ce soir. Non, ce soir, elle ne s'en plaindra pas. Elle continue à suivre sa comparse, incapable de savoir où celle-ci veut la mener.

Elle lui plaît déjà, sa compagne d'aventures, à Maud. Quand elle lui lance qu'elle va vite s'habituer à son titre nouvellement acquis, Médée lui demande de ne pas s'y habituer trop vite et qu'elle lui rendra la pareille. Maud fait un geste de la main, comme pour dire que ce n'est pas important.

- Oh, ce n'est pas grave, tu sais. On m'a déjà sauvé la vie, j'ai déjà sauvé celles d'autres personnes, si tu fais la même chose à une autre personne que tu croisera, je considérerais qu'on est quittes !

Puis Maud enchaîne sur le statut de Marchombre et un sourire étire ses lèvres à la réponse de Médée. C'est décidé, elle l'apprécie ! Maud est flattée que sa nouvelle amie l'a reconnue à sa manière de se battre, ça veut dire qu'elle applique bien les leçons de Barlow. Nel ... Ca ne lui dit rien dans l'immédiat, mais Maud n'a pas une très bonne mémoire des prénoms.

- C'était Barlow, mon Maître. Elle a siégé au conseil pendant deux ans, tu dois la connaître aussi. Et moi, je ne suis pas sûre d'avoir la patience nécessaire pour former un apprenti. J'ai réussi l'Ahn-Ju pourtant, mais mon objectif était plus de prétendre à la Greffe je t'avoue. Je ne me suis jamais vraiment imaginée être maître. Mais je te souhaite toute la chance possible pour trouver un apprenti ! Je suis sûre que tu sera une formatrice formidable !

Les deux femmes avancent vers la taverne, et Médée lui assure qu'elle n'est pas en position de lui reprocher quoi que ce soit. Maud sourit, encore. Elle sent que la soirée sera amusante. Les deux Marchombres entrent dans la taverne et s'installe à une table, puis Maud lève une main en direction du serveur. Le jeune homme s'approche d'elle et la brune lui commande deux choppes de bière, après avoir eu l'aval de sa compagne de la soirée. Puis, une fois les consommations arrivées, Maud pose les deux coudes sur la table et observe attentivement Médée. Enfin un sourire de chat du Cheshire apparaît sur ses lèvres et elle demande :

- Excuse ma curiosité, et ne te sens pas obligée de répondre, mais j'ai cru voir des étoiles dans tes yeux quand tu as parlé de Nel. Y'a-t-il quelque chose entre vous ?

Maud penche la tête sur le côté, son étrange sourire toujours gravé sur ses lèvres.

Les deux femmes vagabondaient dans la nuire claire et dans les ruelles d'Al-Far, guidées par la connaissance de Maud, vers une soirée enchanteresse ponctuée de choppes de bières et de rires amicaux. Ce n'était pas du tout ce à quoi s'attendait Médée, mais elle demeurait toujours ouverte aux coups inattendus du destin. Et après tout, elle aurait sans doute bien le temps de savourer plus tard sa solitude chérie.
Elle est douce, la jeune marchombre nouvellement connue, et sa réponse fait vibrer les prunelles de Médée, lorsqu'elle évoque, d'une voix agréable : si tu fais la même chose à une autre personne que tu croiseras, je considérerais qu'on est quittes ! Pas de plus belle preuve d'amour à l'humanité, lui semble-t-il. Il est vrai que c'est ça, aussi, l'harmonie : rechercher la paix dans le monde, non pour soi, mais pour tout Être frôlant de ses pieds le sol alavirien. Sauver Maud, c'est une chose. Sauver un.e faible en est une autre. Et une petite voix subreptice glisse dans l'âme de Médée que cette marchombre n'a guère besoin de son aide. Sa douceur se mêle à une force indescriptible qui se ressent dans tous les pores de sa peau. Douce antithèse.

C'était Barlow, mon Maître, dit-elle, de l'orgueil plein la voix. Il est étrange comme ce lien entre maître et apprenti.e peut revêtir une attraction inimaginable, un quelque chose d'unique qui ne peut se créer autrement. Médée rêve de ressentir ça, un jour, dans l'autre sens. De rendre au monde ce qu'on lui a donné. Justice. Oui, je la connais. Elle est d'une force incroyable, Barlow. Médée se rappelle de quelques rencontres avec elle, ne saurait mieux la décrire qu'en la qualifiant de maître. De celle, maternelle et autoritaire, qui est faite pour l'apprentissage. Elle respirait l'énergie. Irrésistible.
Elle évoque ensuite sa greffe, chose oh combien intime, et personnelle, et pourtant, Médée ne peut s'empêcher lui avouer de l'avoir vue. Comme si elle détenait un secret qu'elle n'aurait jamais du voir, comme si elle s'en sentait coupable. J'ai cru voir ta greffe, tout à l'heure. Je m'en excuse. Je sais comme c'est personnel, et je me dois de t'avouer la connaître, désormais. Je lui dois ma vie, d'ailleurs.
Je suis sûre que tu sera une formatrice formidable ! Pas besoin de dire merci, un regard suffit. Médée pose sur elle ses prunelles reconnaissantes, et sait très bien que parfois, le silence est la meilleure des réponses. Un silence empli de bienveillance, de douceur, de respect.

Les deux femmes parviennent enfin à la taverne, et Maud ne tarde pas à commander deux choppes. Enfin, Médée meurt de soif. Mais c'est aussi à cet instant précis que la jeune marchombre se tourne vers elle, le regard empli d'une curiosité particulière, et le sourire acerbe sur le visage. Finalement, Médée se demande si elle n'est pas plus effrayante ainsi que les trois mercenaires du départ... Et puis, de sa voix toujours si douce et si énergique en même temps, elle lâche la bombe qu'elle détient dans la tête depuis sûrement très longtemps. Y'a-t-il quelque chose entre vous ?
C'est un éclair qui foudroie l'âme de Médée. Elle ne s'attendait certainement pas à ce type de question, et se demande un instant si elle doit mentir, éluder, plutôt que de livrer son coeur à une illustre inconnue. Et puis, la bienveillance qui perce dans le visage de Maud lui donne envie d'être sincère. Malheureusement, non. Son sourire est froid, cruel, il illustre assez bien la déception et surtout, surtout, les regrets. On sait bien toutes deux qu'un lien avec son maître peut être particulier, faire naître un tourbillon d'émotions très difficile à discerner. Elle laisse une pause, commence à déguster sa choppe que le serveur vient d'amener après avoir trinqué avec sa comparse. Puis poursuit. Je crois savoir aujourd'hui que ces émotions étaient intimement liées à une tendresse plus forte que celle du respect. Elle ne prononce pas le mot fatal, Médée. Le tait, le laisse au silence. Amour

Quand Maud évoque sa Greffe, l'autre Marchombre lui avoue qu'elle l'a vue en action. Maud hausse les épaules, puis lâche avec nonchalance :

- Oh, tu sais, ce n'est pas bien grave. Je la garde secrète juste pour que surprendre mes ennemis en combat, ce n'est pas grave si tu la connais, je n'ai pas l'intention de te tuer. Toi non plus j'espère ?

Ajoute-t-elle avec malice. Puis elles arrivent enfin à la taverne et s'installent à une table, et après avoir commandé, Maud laisse sa curiosité s'exprimer. La réponse de Médée est sans équivoque, même si elle ne prononce pas le mot fatal. Amour. Une lueur de tendresse éclaire les yeux de la Marchombre, qui trempe le doigt dans sa choppe pour écrire sur la table. Lettres éphémères, poésie Marchombre.


Elle sourit à sa nouvelle amie en relevant la tête.

- Elle est pour toi, celle-là. Je ne suis pas très douée en poésie Marchombre, mais l'intention y est.

Maud boit une gorgée de sa choppe, mais son ventre gronde soudainement, et elle lance :

- Ca te dit de commander quelque chose à manger ? Je meurs de faim !

Aussitôt dit, aussitôt fait, Maud commande le plat du jour et dès qu'il arrive, elle le dévore. Elle n'avait pas remarqué à quel point elle avait faim !

- Alors, qu'est-ce que tu fais à Al-Far ? Moi, je reviens d'expédition. J'aime bien accompagner les Itinérants, en tant qu'éclaireuse, j'ai toute la solitude dont j'ai besoin tout en étant payée !

La curiosité de la jeune femme était décidément hors de contrôle.

je n'ai pas l'intention de te tuer. Toi non plus j'espère ? Médée ne répond pas, se contente d'un clin d'oeil amical. Donner la mort n'a jamais été un plaisir pour la jeune marchombre, et ne le sera jamais. Elle vit pour l'harmonie, et combat pour elle. Si parfois elle doit se salir les mains, elle ne le fait qu'avec dégoût, avec dédain. Et cette Maud, bien que bavarde, semble tout à fait sympathique. A mille lieues de mériter la fin.

D'autant qu'elle écoute Médée avec une attention non feinte, et que, comme un cadeau à peine tombé du ciel, elle laisse échapper ses lettres de liquide alcoolisé.
C'est d'une beauté, et ses mots résonnent en Médée comme le fait toujours la poésie marchombre. Ces lettres qui se consument en fumée dans le cœur de la jeune femme, reflet même des émotions pures et subtiles qu'elle a pu ressentir pour Nel, autrefois. Maintenant encore, doit-elle l'admettre, bien que cela lui broie le cœur. Cela fait des années qu'elle n'a pas revu son maître, ce qui lui semble être une absolue éternité.
Elle ne s'attendait pas à parler de lui.
C'est beau, je te remercie. Cela me touche en plein coeur. Elle en aurait presque les larmes qui montent aux yeux, et elle sent que sa partenaire du soir en a conscience, puisqu'elle change de sujet presque brutalement comme pour ne pas la mettre mal à l'aise. Bavarde, mais pas veine, la jeune femme.

Ca te dit de commander quelque chose à manger ? Elle n'attend pas sa réponse, Maud, visiblement affamée, puisqu'elle commande sans même attendre que Médée ne brise le silence. Et puis, à nouveau, elle passe du coq à l'âme. Sa greffe ne serait-elle pas sa bavardise, finalement ?? Alors, qu'est-ce que tu fais à Al-Far ?
J'y vis, en fait, j'ai toujours aimé ces sombres ruelles, étonnement. Sauf quand j'y risque ma vie. glisse-t-elle avec un sourire entendu. Mais en vérité, je travaille toujours avec une caravane d'artistes itinérante. Je les protège, et ils sont en pause pour des répétitions, en ce moment. J'ai voulu profiter de l'occasion pour retrouver mon harmonie. Seule. Elle ne dit pas le mot, de peur de blesser sa compagne de la nuit, mais il est clairement sous-entendu.
Elle plonge ses yeux dans ceux de Maud, tente à son tour de faire preuve d'une certaine curiosité, comme pour ne pas laisser l'autre décider seule du tour de la conversation. Tu es souvent en expédition ? Tu n'as pas ce besoin de retrouver ton chez toi ? Une voyageuse, la demoiselle, comme nombre de marchombre, mais médée peine à comprendre que l'on ne désire pas retrouver son lieu berceau.

Maud a beau être bavarde et curieuse, elle sait faire attention aux autres. Lire dans leurs gestes la gêne, le signe que la conversation va trop loin. Quand elle voit les yeux de Médée commencer à briller, la Marchombre décide de changer de sujet. Elle commande à manger, puis recommence à poser des questions. Qui ne concernent pas Nel, cette fois.

La réponse de Médée lui fait hocher la tête, elle comprend le besoin de retrouver son harmonie, même si, visiblement, elle a cassé sa solitude. Mais Maud ne se leurre pas, elle la laissera, bientôt, se retrouver avec elle-même. La brune n'a pas le temps de faire autre chose que hocher la tête, puisque Médée enchaine sur une question. Un grand sourire illumine le visage de la voyageuse, qui est plus que ravie que sa compagne se prête au jeu des questions.

- Oui, je suis quasiment toujours sur les routes. Mon chez-moi, c'est dehors, en plein air. Ca change en fonction des rencontres, de mes besoins aussi. Quant à l'endroit où je suis née ... Si j'y étais restée, je serais soit morte, soit vendue. Il ne reste plus grand chose pour moi là bas. Le quartier tel que je l'ai connu a changé, les habitants meurent comme des mouches, et la Mégère a sans doute été remplacée... C'est la seule personne que j'ai tuée de sang-froid, tu sais. Elle dirigeait le quartier d'une main de fer, et utilisait les habitants pour se faire encore plus d'argent. Je la haïssais, même si en quelques sortes, c'est grâce à elle que j'ai rencontré Barlow.

Maud plisse les yeux, perdue dans ses souvenirs. Mais rapidement, son visage grave laisse la place à un sourire lumineux, et elle lance :

- Je ne me sens jamais aussi bien que sur les routes, même si les villes et leurs tours à grimper me manquent, parfois ! Je ne passe jamais deux fois de suite au même endroit, et souvent, quand je quitte un lieu, je n'y retourne pas avant des mois. C'est ma manière de vivre, et elle me convient parfaitement.

Maud enfourne une grosse cuillère de son repas, et prend le temps d'avaler avant de poser une nouvelle question :

- Dans ta caravane d'artistes, tu performe toi aussi ? Marcher sur un fil pour gagner ma vie, ça m'aurait bien plu, si je n'avais pas été Marchombre !

Les étoiles dans les yeux de la jeune femme ne laissaient pas de doutes : elle était une grande enfant, au fond, et elle adorait les spectacles impressionnants.

Des questions, des réponses. C'est un ping-pong vocal qui s'engage entre les deux femmes, avides et curieuses de faire connaissance l'une avec l'autre, comme un besoin impérieux et intime d'entrer en l'autre, de lire en lui, en elle, de pouvoir communier avec les autres. Cela résonne drôlement avec l'harmonie. Car c'est de ça dont il est question, d'un amour pour le monde, et tous les êtres qu'il recèle.

Maud se livre à des confessions étonnamment intimes, bizarrement secrètes. Comme s'il ne suffisait pas que Médée ait vu sa greffe, il fallait maintenant qu'elle en sache plus sur son passé - et quel passé ! Car elle a les prunelles qui se ferment, le sourire qui se fait la malle, et un visage qui montre bien qu'à cet instant précis, la marchombre n'est plus ici. Elle est repartie dans son village natal, en compagnie de la Mégère, certainement son sang sur ses mains. Les pâles reflets d'autrefois, qui parfois se parent d'une nuée noire.
" Excuse ma curiosité, et ne te sens pas obligée de répondre, mais qui est cette mégère ? " D'autres questions traversent l'esprit de Médée, mais elle ne les pose pas, désireuse de ne pas aller plus loin, et consciente que Maud irait d'elle-même si elle le désirait. Sur ces chemins qui lui sont propres. Impénétrables.

Je ne me sens jamais aussi bien que sur les routes, même si les villes et leurs tours à grimper me manquent, parfois ! Médée lui répond par un sourire entendu - là encore, elle se retrouve en elle, se reconnaît en ce besoin d'itinérance, en ce désir de grimper, de liberté. Elle respire la voie. Et les deux femmes se meuvent en elle de concert. Côte à côte. Dans la vie, comme dans l'imaginaire.
" Oh, comme je te comprends. J'aime aussi grimper, bien qu'étonnement, je crois préférer me fondre dans l'obscurité. Je me demande parfois si je n'ai pas des accointances étranges avec le chaos... " Elle le dit dans un sourire, espérant que Maud ne s'y trompe pas : bien sûr que Médée n'oscille pas, et qu'elle respire à cent pour cent l'harmonie, il s'agit seulement d'un trait d'humour.

Et puis, Maud revient sur la caravane d'artistes, et comme la marchombre quelques minutes auparavant, Médée se perd un peu dans ses souvenirs. Elle revoit Vol, Dyomède, Sheï, et chacun d'eux lui manque. Etrange fil de noctambule que de devoir vagabonder entre sa solitude et autrui, ceux qui font vibrer son cœur en mélodie. Marcher sur un fil pour gagner ma vie, ça m'aurait bien plu, si je n'avais pas été Marchombre ! Médée distingue bien le regard pétillant de l'âme d'enfant qu'elle a en face d'elle. " Cela m'arrive, oui ! Je dois dire aussi que ça m'amuse. Si tu veux, je te donnerai une place, ils débuteront leur prochaine tournée d'Al-Far. As-tu une idée de jusqu'à quand tu restes ici ? " Le sourire figé sur le visage, Médée, alors qu'elle déguste peu à peu sa choppe, mais ne picore que peu dans son plat du jour.

Maud sourit quand son acolyte reprend sa formulation pour lui demander l'identité de la Mégère. Elle penche la tête sur le côté et répond, avec un ton venimeux qui ne laisse aucun doute sur ses sentiments pour la femme à qui elle doit son nom :

- C'est la femme en l'hommage de qui mes parents m'ont prénommée Maud. La première Maud, si on veut. Une vraie garce, tellement riche qu'elle n'aurait jamais pu dépenser tout son argent dans une vie, mais qui donnait un peu aux habitants du quartier en échange de services et de main d'oeuvre. Elle soumettait mes voisins et ma famille à un chantage immonde, faisant miroiter de l'argent en échange de leur dévotion absolue. Elle utilisait les enfants pour voler et lui ramener encore plus d'argent, et quand ils grandissaient, elle les exploitait. Les hommes étaient des ouvriers pour ses chantiers, les femmes étaient contraintes de vendre leurs corps. Elle m'a repérée très jeune car j'étais plus agile que les autres, et je suis devenue sa voleuse attitrée. Mais ses récompenses étaient des insultes et des coups. Elle nous disait que si on travaillait bien, on vivrait heureux plus tard, mais je n'ai jamais vu aucun enfant sous ses ordres devenir plus que de la chair à canon. Je la haïssais. Alors quand il a été l'heure de partir, après que Barlow m'ait offert son enseignement, je l'ai tuée pour libérer le quartier de son joug.

Puis à nouveau, son sourire revient, aussi vite qu'il avait disparu. La Marchombre lance, l'air léger :

- Mais c'est de l'histoire ancienne.

Puis elle enchaîna sur la vie bohème qu'elle vivait, et Médée avoua la comprendre. La blague de sa compagne sur l'obscurité et le Chaos la fit rire, et elle approuva :

- Oh, si le simple fait d'aimer l'obscurité nous rend adepte du Chaos, alors j'en suis certainement aussi !

Elle éclata de rire, montrant qu'elle ne se prenait pas du tout au sérieux. Jamais elle ne pourrait flirter avec le Chaos. L'Harmonie était sa vie, sa Voie, et jamais elle ne la quitterait. Puis Médée lui propose de lui offrir une place pour le spectacle de son groupe, et les yeux de Maud se mirent à étinceler.

- J'avais prévu de partir ce soir, mais je ne manquerais pour rien au monde la représentation ! Je peux rester, en soit, je n'ai pas de calendrier précis. Je vis au jour le jour, et en fonction des rencontres, j'avise. Oh, et des réunions du conseil aussi. Ca, c'est la seule prérogative dans mon emploi du temps. Mais heureusement, la prochaine est dans plusieurs mois, j'ai tout mon temps !

Maud tape des mains, surexcitée. Elle a vraiment hâte de voir ça. La Marchombre reprend une gorgée de sa boisson, et remarque que sa compagne ne fait que picorer dans son assiette.

- Tu n'a pas faim ? Je peux le manger pour toi, si tu veux !

Maud est ce qu'on peut appeler un gouffre sans fond. Elle a la capacité d'ingérer des tonnes de nourriture sans aucun problème. Elle a déjà fait un concours de "qui mange le plus" contre un Thül, et elle a gagné. C'est d'ailleurs une grande fierté pour elle.

Médée ne sourit plus, maintenant. Elle se laisse porter par le venin de sa comparse, semble voyager dans le temps et dans l'espace pour faire face à cette sorcière que Maud lui conte, avec l'obscurité inscrite au fond de l'âme. Elle ne sourit plus du tout, non, elle sent même la colère lui submerger le cœur à l'écoute de cette histoire, brisée à l'idée même que des personnes profitent ainsi de la naïveté et de la douceur d'êtres enfantins à l'âme pure. Horreurs du passé. Elle respecte ces trésors d'autrefois que lui narre la marchombre qui lui fait face, toujours aussi surprise d'en apprendre autant en si peu de temps sur elle. Il est des rencontres qui se révèlent pleine de d'étonnements.
" Comme le chaos peut prendre de surprenants visages... " Médée ne s'arrête pas là, et elle se surprend elle même à prononcer les mots à venir, avec la colère inscrite dans les tonalités nuancées de sa voix : " Tu as bien fait de mettre fin à cette sorcière  et à ses projets dévastateurs. " Quand parfois la mort peut sonner comme une Libération. Délivrance de tant d'enfants, de tant d'âmes pures, qui ne seront plus broyées.
Elle repense un instant aux mercenaires à qui les deux femmes ont donné la mort, peu de temps avant, et ne regrette pas son geste. L'étrangeté d'une harmonie ponctuée de rouge sang.  

Le sourire de Maud revient éclairer son doux visage, et Médée l'imite, de nouveau présente entièrement dans l'instant qui s'avère plus positif que l'autrefois. Oh, si le simple fait d'aimer l'obscurité nous rend adepte du Chaos, alors j'en suis certainement aussi ! Elle éclate d'un rire cristallin, la jeune femme, et Médée se mêle à son rire. Il est difficile de ne pas voir les nuances nécessaires à l'éclat sonore de la magie. " Ca me rappelle cette étrange prophétie que l'on entend depuis quelques temps... J'espère oeuvrer suffisamment pour faire triompher notre voie de l'harmonie !! " Même s'il s'avère que le chaos pullule, et que les mercenaires ne cessent de faire grossir leur nombre.

Maud revient sur la représentation artistique que Médée lui propose, et c'est finalement un lien suivi qui semble se tisser entre les deux femmes, comme mues par un besoin de se revoir, d'étirer dans le temps cette rencontre impromptue. Il semble que le courant passe, en fait.  J'avais prévu de partir ce soir, mais je ne manquerais pour rien au monde la représentation ! " Génial, je te garde une place, c'est promis. C'est le moins que je puisse faire après que tu m'aies sauvé la vie ! " Elle sourit, Médée, n'oublie pas que sa compatriote à désormais le statut de sauveuse, diablement mérité.
Et puis, Maud évoque le conseil. Là, Médée tique, extrêmement surprise d'apprendre que celle à qui elle parle depuis le début de la soirée s'avère être un des prestigieux membres du conseil des marchombres... Douce antithèse, quand la jeune femme s'imagine toujours les pontes de la guilde comme des êtres silencieux, discrets, mystérieux, alors que la demoiselle qui lui fait face ne semble être rien de tout cela. " Vraiment, j'ai été sauvée par une membre du conseil ? Mais quel honneur ! Alors, comment ça se passe, dans ce lieu mystérieux ? " Elle ne peut cacher sa surprise, Médée, peut-être vexante pour sa compagne du soir. Elle a l'air d'une enfant, impression qui se confirme encore lorsque, d'une voix gamine, elle s'exclame : Tu n'a pas faim ? Je peux le manger pour toi, si tu veux ! A son tour, Médée éclate de rire, avant de lui passer sa gamelle de ragoût de siffleur. " Tu es vraiment une femme surprenante ! " Un clin d'oeil, qu'elle adresse à sa compagne, un clin d'oeil amusé, entendu. La soirée s'annonce salée.

Jamais Maud ne s'en serait doutée, elle qui prône l'indépendance plus que tout, mais l'approbation de sa comparse la soulage. Par ces simples mots, Médée est parvenue à effacer un poids qui avait suivit Maud depuis le meurtre. Maud parvint à sourire à nouveau, avec une légèreté qu'elle pensait perdue. Puis la conversation enchaîne sur le spectacle de Médée, et celle-ci lui promet qu'elle lui gardera une place, ce à quoi Maud répond par un claquement de mains excité.

- J'ai trop hâte !

Puis Maud réalise qu'elle a laissé échapper qu'elle appartenait au conseil quand Médée s'exclame, impressionnée.

- Oh, c'est plutôt ennuyeux à vrai dire. On se rassemble, on parle de l'avenir de la Guilde et des Mercenaires du Chaos. Y'a pas grand chose d'intéressant.

Maud s'arrête de parler quand Médée fait glisser son assiette devant elle. Ses yeux se mettent à briller et elle s'empresse de dévorer le contenu. Quand sa compagne de la nuit lui lança qu'elle était une femme surprenante, Maud sourit :

- Je sais, je sais ! On me le dit souvent..

Puis elle explose de rire.

- Mais je te retourne le compliment ! Après tout, je t'ai rencontrée en train de te faire défoncer par des Mercenaires, et pourtant tu n'a pas essayé de fuir ...

Maud lance un souvenir à sa nouvelle amie, avant de la questionner à son tour :

- Et alors, comment ça se passe en tournée, avec ta troupe ? C'est un peu comme une caravane d'itinérance, non ? Sauf qu'il y a les spectacles en plus ?

La Marchombre croise les mains sous son menton et regarde d'un air curieux sa compagne de la soirée.