Quand Ambre ouvre les yeux, il fait nuit. Elle est dehors, devant la Citadelle. Elle ne se souvient pas être sortie, pourtant. Est-elle dans un rêve ? Comme pour lui apporter une réponse, Ambre remarque une lueur, non loin. Elle se met à marcher, s'enfonce dans la nuit noire. Et soudainement, un feu follet - ou quelque chose qui y ressemble en tout cas - apparaît devant elle. Ambre tend la main, sans vraiment réfléchir, pour tenter de toucher l'orbe lumineuse, mais ... Celle-ci s'enfuit,

- Attend !

Ambre se rue à la poursuite de l'orbe. Qu'est-ce que ça peut être ? Est-ce ... Un signe de Merwyn, peut-être ? Il est connu que Merwyn était un Frontalier, peut-être est-ce son oeuvre ? Peut-être cherche-t-il à la conduire quelque part ?

Ambre oublie toute prudence, et se met à courir derrière l'orbe. Elle court à en perdre son souffle, court plus vite qu'elle n'avait jamais courut avant. Mais le feu follet continue de fuir, loin devant elle, si loin qu'elle le perd presque de vue. Mais à chaque fois qu'elle ralentit, l'orbe ralentit également, fait en sorte qu'elle soit toujours visible par la Frontalière. Puis un bruissement arrête la jeune blonde dans sa course, et elle sort ses lames jumelles. Que peut-il y avoir dans ces fourrés ?

Répondant à sa question, un Raïs sort, attaquant soudainement. Ambre n'a pas de mal à s'en défaire, et elle reste alerte, mais il semble être seul. Alors elle reprend sa course derrière l'orbe lumineuse. Celle-ci la conduit au bord d'un lac, un lac qui reflète le ciel et ses étoiles. La nuit est noire, la lune recouverte par des nuages, mais la blonde n'a pas de mal à distinguer l'étrange cité qui se tient comme flottant sur l'eau noire.

L'orbe s'engage sur un pont, entièrement fait de bois, et Ambre y marche derrière elle. Elle a ralentit l'allure, comme écrasée par la puissance qui se dégage de la cité, une puissance qu'elle n'a encore jamais sentie auparavant. La Sérénissime. Le nom s'impose à elle, comme une révélation. La cité s'appelle la Sérénissime. Elle flotte sur l'eau comme un nuage et accueille les âmes perdues, en quête de vérité.

La Frontalière explore les rues vides, armes rangées. Elle a l'intime conviction qu'elle est en sécurité ici. Les murs ne cachent aucun danger, aucune menace. Ambre entre dans une tour, et regarde par la première fenêtre qui vient. Et là, elle recule soudainement. Comme par magie, alors que les rues étaient inoccupées, Ambre y voit à présent une foule d'hommes et de femmes vivant leur vie comme si rien d'étrange n'avait jamais eu lieu.

Ambre avance, changeant de fenêtre pour y voir plus clair, et la scène change. Une jeune femme est assise sur un banc, ressemblant à s'y méprendre à Ambre, et lève la tête. Ses yeux d'un bleu aussi pur qu'un ciel sans nuage se plantent directement dans le regard de la Frontalière, et une vérité lui apparaît : cette femme est sa mère. Mue par une envie pressante de rencontrer enfin cette femme dont on lui a tant parlé, Ambre dévale les escaliers, mais quand elle arrive sur la place, il n'y a personne. Alors la Frontalière marche, erre dans les rues, sans vraiment savoir pourquoi elle est là, ni pourquoi la Sérénissime s'est révélée à elle.

Et d'un coup, l'orbe réapparaît devant elle. Cette fois, Ambre est déterminée à l'attraper, alors quand le feu follet commence à partir, Ambre s'élance à sa suite. Elle est repartie dans une course effrénée, tellement concentrée sur sa chasse qu'elle ne remarque pas qu'elle sort de la cité. Quand l'orbe disparaît à nouveau, Ambre est de retour devant la Citadelle.

Le soleil se lève, et Ambre se réveille. Elle passe la main sur son visage et saisit ses lames jumelles, posées en permanence à côté de son lit. Quand elle se lève, elle a l'impression d'avoir des courbatures, comme si elle avait couru toute la nuit. Le rêve qu'elle a fait lui semble étrange, alors elle décide qu'une fois son entraînement terminé, elle ira voir vers ce lac, si la Sérénissime ne s'y trouve pas encore. Mais quand l'heure est venue d'aller en pause, Ambre a oublié son rêve. Tout ce dont elle se souvient, ce sont ces deux yeux d'un bleu pur, comme un ciel sans nuage. Les mêmes yeux que les siens.