Enfance bénie. L’innocence qui s’attache à ses pupilles, se cramponne à ses hanches. Elle a le sourire doux. Une candeur naturelle. Meria qui ne demande qu’à apprendre de ce monde. A le découvrir. Les pieds nus dans l’herbe. Le sable qui glisse entre ses mains. Comme le temps. Elle touche du bout des doigts la liberté. L’idéal de toute une vie. Ils n’ont pas grand-chose mais ils sont ensemble. Et ça vaut tout l’or du monde. Un jour peut-être qu’elle pourra leur offrir plus. Rêve éveillé d’une gamine qui n’a pas conscience du monde qui l’attends. Au-delà des frontières. Loin derrière la forêt de Baraïl. Plus haut encore que les Dentelles Vives. Ce monde qui se tient prêt à tout lui prendre. Il suffit d’un faux pas. Une chute. Pour que tout bascule dans l’horreur. Un petit rien qui change tout. Life is not a song, sweetling. Someday you may learn that, to your sorrow.


Les narines chatouillaient par l’odeur du sang et du feu. Des cendres pleins la bouche. Cicatrices invisibles mais bel et bien béantes. Blessures que rien ni personne ne saurait guérir. Souvenirs vivaces d’une nuit d’horreur. Envolée sa jeunesse. Disparue son innocence. Gamine abandonnée au bord du précipice. Le chaos tout autour. Sa lumière qui vacille mais jamais ne s’éteint. Sa vie en pays Faël touche à sa fin. Elle le sait. Elle le sent. Ça lui déchire le cœur, lui tort les entrailles. Elle ne sait pas comment continuer à fouler ces terres. L’ombre de ses parents imprimée sur ses pupilles noires. Les cris et la douleur comme bruit de fond pour hanter ses nuits. Elle résiste Meria. Elle résiste à l’appel de l’obscurité. Ce chaos insidieux qui ne demande qu’à pourrir ses organes. Perchée sur son arbre, elle attend. Que le soleil se lève, qu’il chasse l’ombre. There is joy and under the shadow of death light that endures.


Chemin tout tracé. Il n’y a pas de hasard. Destinée à être une lumière. Elle ne veut que faire le bien Meria. Le cœur à vif qui saigne pour ces autres. Elle s’imprègne de leur douleur pour mieux les soulager. A coup de potions et de murmures. Mains bénies. Chaque mort comme un poids sur son âme. Et puis viens l’évidence. Suite logique. Extension de tout ce qu’elle a toujours été. Le don de rêver accordée. Bénédiction teintée. Plus Alavirienne que Faëlle. Elle ne voit que le bien qu’elle peut enfin faire Meria. Jetée corps et âme dans cet apprentissage. Entre rêve et réalité. Formation fastidieuse, incomplète. Meria imparfaite. Elle peut désormais réparer l’irréparable en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Soulager plus efficacement. Sans pour autant faire reculer la mort. Faucheuse impitoyable. Elle a beau rêver, rien n’y fait. Pas de guérison miracle pour Doran. Le frère emporté trop vite, trop loin. Il lui file entre les doigts. Death is just another path. One that we all must take.