tw : massacres, meurtre, chaos.
01. tu nais dans les contrées raïs, arès, dans ces flammes éperdues qui se meuvent autour de toi, nourrisson rouge aux yeux sangs, déjà prédestiné à la violence des enfers qui se pose sur ton berceau. ta mère est d'une douceur angélique, ton père le sang vissé sur la langue, antithèse ténébreuse mais qui étonnement rayonne d'un amour éperdu. tes ascendants te donnent le goût mitigé du chaos et de l'harmonie, quand tu te cherches dans les sinueuses excavations d'un avenir incertain. seras-tu le portrait de ton père, deviendras-tu l'angélisme de ta mère, où se façonnera ton identité, tant d'interrogations qui te tarauderont pour l'éternité. 02. les cris et le sang, les cris et la vie, Lil voit le jour sept années après toi, quand de ta hauteur trois pommes, tu te poses sur son berceau, la regardes avec tes yeux énamourés, émerveillés, les mots du dictionnaire ne suffiront pas à définir ce que tu ressens à cet instant, un éclat du ciel, un tourbillon ténèbres, une explosion éternelle. dès l'instant où tes iris se posent sur elle, tu sais, tu sens au plus profond de ton être qu'elle t'accompagnera pour toujours et à jamais, qu'elle sera cette étincelle inscrite sur le creux de ton épaule et t'accompagnera quelques soient tes décisions, tes choix, quelle couleur que prenne ta vie. elle est ta faiblesse, ce talon d'achille, ce morceau de ton co(eu)rps qui n'a pas été bercé dans les méandres du styx -- seule perle délicate dans un avenir maussade. 03. tes pas te destinent au combat, quand dès tes trois ans, ton père t'a vissé au creux de la main ce sabre qui à jamais t'accompagnera. la guerre, voilà ce pourquoi tu es fait, ce qui t'es évidence. l'harmonie, le chaos, des incertitudes qui taraudent ton coeur éperdu, mais une certitude lumineuse au creux de l'âme -- tu es fait pour te mouvoir avec grâce dans les arcanes du combat. la citadelle ne tarde pas à t'accueillir, désireuse de te mener vers la lumière, vers l'harmonie - faire de toi un combattant émérite du royaume.  tu es tenté, un instant, d'en oublier tes origines, ces flammes qui se transforment dans un brouillard épais en un souvenir vague, tu es tenté, donc, de rejoindre le combat pour la lumière. 04. tu virevoltes, Arès, danseur parmi les hommes, être fugace et rapide, le sabre fiché dans l'âme, dans le corps, dans tout ce que tu respires et tout ce que tu sens. il est ta continuité, ton apprentissage semble s'être terminé, et tu te hisses jusqu'en demi-finale -- frustration amère de n'avoir pu défaire le champion en titre, fierté éphémère d'obtenir par ce biais ton sabre frontalier. tu jettes un œil vif aux gradins dans lesquels s'abreuvent de sang les êtres perdus, spectateurs du chaos, admirateurs de la guerre, tu ressens leur énergie qui fait vaciller dans ton sang tes souvenirs du passé. un regard t'accroche plus que les autres, cette lueur de vanité au fond des iris de ton mentor, cette suffisance de t'avoir -- tel pygmalion, forgé dans les flammes du néant. tu lui adresses un hochement de tête, sans vraiment réaliser que te voilà vraiment frontalier. 05. et le néant. l'ailleurs. ce noir obscur qui se fraye un chemin dans ton âme, que tu ne peux réfréner, comme un monstre qui t'engloutit tout entier. tu ne vois plus rien, plus rien que ce sabre rougeoyant fiché dans le cœur de ton mentor, ce père - amer, qui te rappelait tant tes origines d'autrefois, incandescente ombre d'avant. tu as tué ton père, arès, même s'il ne porte pas ce nom, même s'il est autre -- tu es persuadé, dans ton esprit malade, avoir mis un terme à l'avidité de ton ascendant, comme pour surtout ne jamais devenir lui, comme pour mettre un terme à cette oppression qu'il a toujours fait naître en ton cœur bouleversé. prophétie auto-réalistrice, Arès. en voulant mettre un terme à la suprématie de ton père, en voulant t'éloigner de ses vestiges nauséabonds du néant, tu signes ton entrée définitive dans le chaos. 06. tu n'attends pas que la cloche d'alarme sonne dans les méandres de la citadelle pour t'enfuir, ton sabre à la main. rien d'autre, tu ne possèdes rien d'autre, pas de sac, pas d'affaires, guère plus que tes yeux dans lesquels se reflètent la folie qui désormais te guette. tu ne te rappelles rien de cette fuite initiale, si ce n'est la fraicheur du vent qui te lèche la peau, et tes pas qui courent sans savoir vers où, sans savoir pourquoi. la marche est longue, ton esprit s'embrume dans des obscurités inconnues, impalpables, immatérielles. tu as cette image réminiscence qui s'illumine dans ton âme, ce sabre fiché dans le cœur de ton père. tu en oublies qu'il ne l'est pas, qu'il n'en est qu'une image vague imposée par ton esprit malade. la fuite te conduit dans les ruelles sombres d'al-far, sans vraiment l'avoir cherché, et la première nuit est toute entière ponctuée de cauchemars sinistres. 07. c'est le macabre qui te tend les bras, désormais, cette flammèche du néant qui te lèche l'âme toute entière. Tu oscilles, encore, quelques tentations lumineuses tentent de se frayer un chemin dans ton esprit, mais c'est l'obscurité qui étend ses ailes sur toi. tu occupes tes journées et tes nuits à vagabonder dans les ruelles alaviriennes, répondant pour te payer et te nourrir à des contrats d'assassin. douce ironie du sort, quand tu es toi-même recherché par les frontaliers pour tes crimes -- de ton œil aguerri, tu distingues bien vite être devenu un mercenaire de qualité, cachant sous un linceul clair tes sombres desseins à ta sœur, l'âme de lumière.